Historiquement, de nombreuses études ont démontré que le bonheur suit une courbe en U au cours de la vie, avec un pic de bonheur dans la jeunesse et un autre à un âge avancé, tandis que la période de la cinquantaine marque souvent un creux. Cette tendance, observée dans diverses mesures de bien-être, a été constante dans 146 pays entre 1973 et 2017. Toutefois, depuis 2017, cette dynamique semble avoir changé radicalement pour les jeunes adultes, particulièrement chez les jeunes femmes, dont le niveau de bien-être a chuté de manière significative. Cette évolution appelle à une révision des politiques de bien-être, notamment pour répondre aux besoins des jeunes générations.
La récente étude menée par David Blanchflower et Alex Bryson, qui reprend notamment des données d'une étude de l'Université du Luxembourg concernant la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Suède, révèle un changement préoccupant dans les niveaux de bien-être des jeunes adultes à travers l'Europe. Cette recherche souligne une détérioration significative de la santé mentale et de la satisfaction de vie chez les jeunes, particulièrement chez les jeunes femmes.
En France, les jeunes adultes affichent des niveaux de satisfaction de vie parmi les plus bas, avec une moyenne de 4,5 sur 10. Les données révèlent que 30% des jeunes femmes signalent des symptômes de dépression majeure, un chiffre nettement supérieur à la moyenne européenne. En Allemagne, bien que les jeunes montrent une légère amélioration par rapport à la France, 25% des jeunes femmes restent touchées par des niveaux élevés de dépression. La situation en Italie montre des tendances similaires, avec 27% des jeunes femmes rapportant des symptômes dépressifs graves, soulignant une crise de bien-être significative parmi les jeunes. L'Espagne, quant à elle, révèle les niveaux de satisfaction de vie les plus bas de l'étude, avec un score moyen de 4 sur 10. Les jeunes Espagnols sont également ceux qui rapportent le plus haut taux de dépression, avec 32% des jeunes femmes affectées. La Suède présente une situation relativement meilleure, bien que les chiffres restent préoccupants. Environ 22% des jeunes femmes suédoises déclarent souffrir de dépression.
Aux États-Unis, environ 25% des jeunes femmes âgées de 18 à 25 ans rapportent des symptômes de dépression majeure, un chiffre qui reflète les niveaux de stress et d'anxiété accrus parmi cette population. Au Royaume-Uni, la situation est également préoccupante, avec des études montrant que 28% des jeunes adultes ressentent un mal-être psychologique significatif, exacerbé par des facteurs tels que l'incertitude économique et les pressions sociales. Ces données soulignent l'importance d'une réponse globale pour adresser la crise de bien-être chez les jeunes.
Ces constats préoccupants appellent une mobilisation rapide des départements des ressources humaines à travers l'Europe. Il est vital d'élaborer des stratégies spécifiques pour améliorer le bien-être au travail. Parmi les mesures recommandées, on trouve la mise en place de programmes de bien-être mental ciblés, offrant thérapie et counselling spécialement conçus pour les jeunes employés. Des formations régulières sur la santé mentale sont également essentielles pour éduquer les employés sur les symptômes de la dépression et encourager les meilleures pratiques de soutien. Par ailleurs, il est crucial d'implémenter un suivi personnalisé pour accompagner les jeunes en difficulté et de promouvoir des politiques de travail flexibles pour améliorer l'équilibre travail-vie personnelle, un élément clé pour le bien-être mental.
L'étude de Blanchflower et Bryson, enrichie par les données de l'Université du Luxembourg, met en lumière un changement alarmant dans le bien-être des jeunes Européens. Face à ces défis, il est impératif que les directions des ressources humaines prennent des mesures proactives pour améliorer le bien-être de leurs jeunes employés, en adaptant leurs politiques et programmes de soutien pour créer un environnement de travail plus sain et plus soutenant. Ces efforts sont essentiels pour la santé mentale et la productivité des jeunes générations et, par extension, pour la vitalité à long terme des organisations européennes.
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