L'année 2024 s'annonce comme une période cruciale pour les investisseurs, alors que les marchés financiers font face à un ensemble complexe de défis économiques et budgétaires. Pour éclairer ces enjeux, nous nous tournons vers l'expertise de Didier Borowski, Head of Macro Policy Research chez Amundi Investment Institute, qui livre une analyse perspicace des tendances à venir.
Inflation modérée et politique monétaire
L'une des caractéristiques saillantes de l'économie en 2024 sera l'inflation modérée. Selon Didier Borowski, cette tendance à la modération de l'inflation va se poursuivre tout au long de l'année. C'est une nouvelle rassurante pour les investisseurs car cela devrait permettre aux banques centrales d’assouplir leur politique monétaire. Cela ouvre des perspectives intéressantes pour les actifs financiers, au premier rang desquels figurent les obligations qui continueront de bénéficier de la détente sur les taux d’intérêt.
Situation économique aux États-Unis
Didier Borowski nous met également en garde quant aux risques de récession aux États-Unis en 2024. Selon lui, l'économie américaine devrait ralentir assez fortement, on ne peut exclure une récession modérée dans les trimestres qui viennent. Cependant il tient à souligner que le risque de récession majeure est faible car l’économie américaine bénéficiera de la croissance continue des revenus réels, qui devrait amortir le choc en cas de turbulences.
Sortie de la stagnation économique en Europe ?
L'activité économique stagne en Europe : la croissance dans la zone euro est nulle en grande partie en raison de l’inflation et du comportement d’épargne des ménages, qui contrairement à ce que l’on observe aux Etats-Unis, ne puisent pas dans leur épargne pour maintenir leurs dépenses. Cependant, Didier Borowski estime que la pression économique diminue progressivement, notamment grâce au repli de l'inflation qui accroît le revenu réel des ménages. Cette évolution devrait soutenir la confiance des consommateurs et la reprise économique. Cependant, il souligne que des vents contraires pourraient provenir du ralentissement de la croissance en Chine et du retrait graduel des mesures budgétaires de soutien en Europe, mises en place lors de la crise énergétique.
Chine : ralentissement structurel
L'expert en macroéconomie prévient que la Chine ne retrouvera pas son statut de "moteur de la croissance mondiale". Selon lui, la Chine doit faire face à des défis économiques complexes. L’assainissement du secteur immobilier et le désendettement prendront des années : le rééquilibrage de l’économie chinoise est à ce prix. Il ne faut donc pas s’attendre à un rebond de la croissance à court terme. Bien au contraire, le ralentissement y apparaît comme structurel. Compte tenu du vieillissement de la population, c’est la croissance potentielle qui est en train de ralentir en Chine. Elle ne sera probablement pas supérieure à 3% en moyenne dans les années qui viennent.
Investissements en actions et obligations
En ce qui concerne les marchés financiers, Didier Borowski observe que les marchés boursiers ont bien performé récemment, mais que le rallye est excessif car les profits vont ralentir. Il souligne l'importance d'une perspective à long terme pour les investisseurs diversifiés et recommande une allocation prudente et des investissements défensifs en début d’année. Ce n’est pas le moment d’ajouter du risque dans les portefeuilles. Il estime que dans un contexte de désinflation persistante, les obligations devraient continuer d’offrir des rendements attractifs, que ce soit du côté des obligations d’entreprises bien notées ou du côté des emprunts d’Etat. Par ailleurs, l’expert souligne que la diversification géographique devrait être porteuse. Du côté des économies émergentes, les obligations offrent de meilleurs espérances de rendements. Quant aux actions, elles offrent de bonnes perspectives du côté de certains pays émergents (Inde et Indonésie notamment).
source : Amundi Reseach Center
©Photo Christian Lue via unsplash