Ces entreprises, incapables de couvrir les intérêts de leur dette avec leurs revenus, représentent une menace croissante pour l'économie mondiale, et notamment en Europe. Une étude récente révélée par Associated Press révèle une augmentation alarmante de ces entreprises, avec près de 7000 sociétés zombies cotées en bourse globalement, dont 2000 aux États-Unis, illustrant une hausse de près de 30% en une décennie. Cette dynamique constitue aujourd’hui un problème systémique, alimenté par les crises financières et les politiques monétaires souples.
Dynamique de l'endettement et implications
Ces entreprises, dépourvues de réserves de trésorerie importantes, sont donc très vulnérables aux fluctuations des taux d'intérêt. L'augmentation de leur nombre, particulièrement dans des régions développées comme le Royaume-Uni, le Japon et la Corée du Sud, augmente les taux de faillite. Des grandes entreprises telles que JetBlue Airways et Manchester United sont citées parmi ces zombies, montrant que le problème touche divers secteurs. Ces entreprises zombies emploient environ 130 millions de personnes à travers une douzaine de pays, et les faillites potentielles pourraient donc entraîner des pertes d'emplois considérables, avec des répercussions profondes sur les économies locales et globales.
Le risque croissant pour les licornes fintech
Plus près de nous, le secteur des fintech n'est pas épargné. Jack Selby, un expert du capital-risque, avertit d'une montée des "zombies" parmi les fintechs, divisées en deux catégories : celles non rentables et les VCs qui les ont soutenues. Avec les taux d'intérêt en hausse, la rentabilité devient cruciale, et beaucoup de ces fintechs ont seulement deux ans de capitaux restants. Cette situation pourrait mener à un effondrement substantiel dans le secteur. L'origine de cette crise des zombies est multifactorielle, incluant la crise financière de 2009 et une période de taux d'intérêt très bas. Les rachats d'actions au lieu de l'investissement dans la croissance ont été généralisés, rendant ces entreprises encore plus vulnérables.
Le soutien gouvernemental touche à sa fin
Le soutien gouvernemental et des banques centrales, bien que temporaire, a créé un environnement où le risque d'effondrement massif augmente considérablement. Les décideurs prévoient donc d'ajuster les politiques monétaires et fiscales pour mieux encadrer ce phénomène tout en préparant des réformes structurelles, monétaires et fiscales pour encadrer le phénomène, tout en préparant des réformes structurelles qui pourraient permettre une allocation plus efficace des ressources économiques et éviter une crise profonde affectant l'économie mondiale de manière irréversible.La Banque Centrale Européenne (BCE) avait déjà lancé un avertissement en 2021 indiquant que 6% des entreprises risquaient la faillite dès l'arrêt des aides gouvernementales. Or, les boucliers sont en train d’être abandonnés, 2025 pourrait donc être l’année des zombies.
Le salut ne viendra (probablement) pas des grands investisseurs
Dans le climat économique actuel, les family offices et les CIOs s'emploient donc réanalyser leurs investissements mais aussi à évaluer minutieusement les acteurs du private equity avec lesquels ils collaborent. Cette double vérification vise à s'assurer que ces derniers adoptent une gestion de risque et une stratégie d'investissement qui correspondent aux attentes de stabilité et de croissance à long terme. La remontée des taux ayant sonné la fin de l’argent gratuit, les analystes reviennent donc aux fondamentaux, accélérant la zombification des entreprises - ou des fonds - sans perspectives. Là aussi, sans doute un autre facteur d’accélération. Il y a cinq ans - donc bien avant l’aggravation constatée sur le marchés des liquidités - les zombie funds étaient déjà estimés à plus de 1.100. On estime par ailleurs à plus de 3 trillions de dollars aujourd’hui les actifs invendus pour les grands acteurs du private equity, un portefeuille de plus de 28.000 sociétés pour lesquels acheteurs et vendeurs peinent à s’entendre sur les évaluations. Difficile d'être optimiste donc et d’espérer que les investisseurs viendront sauver le monde de la déferlante que tout le monde semble annoncer.
Un tableau plus sombre, sauf pour les investisseurs regorgeant de liquidités en quête de bonnes affaires et les DRH qui ne seraient pas contre une détente sur le marché, toujours très tendu, des talents.
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