Le gouvernement luxembourgeois envisage de mettre fin à son régime de visa doré, qui permet aux investisseurs étrangers d'obtenir un permis de séjour en échange d’un investissement de 500 000 euros dans une entreprise luxembourgeoise. Ce changement de cap pourrait marquer la fin d'un programme qui, bien que soutenu par certains acteurs, suscite également des interrogations sur son efficacité et ses implications.
Un changement de position politique
Ce projet de suppression du visa doré constitue un revirement par rapport à la position du précédent gouvernement de coalition, qui, il y a deux ans, avait affirmé qu'il ne souhaitait pas mettre fin à ce programme, malgré les critiques de l'Union européenne, notamment après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Aujourd’hui, un porte-parole du ministère de l'Intérieur a confirmé que le gouvernement était en train d’examiner l’utilité de ce système de permis de résidence pour investisseurs.
Peu de demandes mais un intérêt croissant
Le programme a suscité un nombre limité de demandes, avec seulement six demandes de visa doré en 2023 et 2024, dont quatre ont été refusées. Ces demandes provenaient principalement de Russie, Israël, Inde et Chine. Fait intéressant, la même année, la Belgique a connu une hausse du nombre de demandes, indiquant un regain d'intérêt pour le Luxembourg. Cependant, ces faibles chiffres sont un point d'interrogation pour le gouvernement.
Les préoccupations de l'Union Européenne : risques et critiques
L’Union Européenne a régulièrement critiqué ce type de programme, en particulier après les tensions géopolitiques liées à la guerre en Ukraine. La Commission européenne a exprimé ses préoccupations sur les risques que ces programmes présentent en matière de sécurité, de blanchiment d'argent, et d'évasion fiscale. En effet, certains ressortissants de pays sanctionnés, notamment russes et biélorusses, pourraient chercher à contourner les restrictions de voyage en utilisant ces visas.
Les critères du programme : Investir pour accéder à la résidence
Le visa doré au Luxembourg ne permet d’investir que dans des projets économiques spécifiques et n’inclut pas l’immobilier. Les investisseurs doivent déposer des fonds dans des projets soutenus par des intermédiaires, tels que des fonds de capital-investissement, qui doivent être détenus par le demandeur lui-même. Le programme offre un permis de séjour valable pour trois ans, renouvelable, mais fait l'objet d'un réexamen tous les 12 mois. Après cinq ans de résidence, les investisseurs peuvent même demander la nationalité luxembourgeoise.
Les critiques de transparence et de contrôle
Malgré les mesures de conformité en matière de lutte contre le blanchiment d'argent, des rapports soulignent l’absence de transparence et de mécanismes de contrôle rigoureux sur l'impact économique réel du programme. Le rapport de l'UE de 2018 a révélé des lacunes dans la surveillance des demandes et dans la publication des informations sur les candidats retenus, soulevant des inquiétudes sur les abus potentiels.
Le futur du visa doré au Luxembourg
Le gouvernement luxembourgeois continue d’examiner la pertinence de ce programme. Alors que certains pays de l'UE ont déjà mis fin à leurs visas dorés, comme le Portugal et l'Irlande, d’autres pays comme le Luxembourg hésitent encore à faire le pas. Le débat sur la suppression ou la réforme de ce programme pourrait avoir des répercussions importantes sur l’attractivité du Luxembourg pour les investisseurs étrangers dans les mois à venir.