16,0 milliards de dollars. C'est le volume d’entrées nettes des fonds durables enregistré à la fin 2024 à l’échelle mondiale. Un chiffre en nette hausse par rapport au trimestre précédent, malgré des vents contraires : régulations de plus en plus strictes, préoccupations liées au greenwashing et une polarisation politique qui freine certains marchés, notamment aux États-Unis.
Si l’Europe confirme son rôle de locomotive des investissements responsables, les États-Unis marquent le pas, tandis que l’Asie affiche une progression modérée mais prometteuse. Retour sur les tendances marquantes de 2024 et les dynamiques à suivre en 2025.
Un record historique des flux d’actifs des fonds durables fin 2024
Bien que les flux aient diminué de moitié par rapport à 2023, les fonds ESG mondiaux ont enregistré des entrées de l’ordre de 16,0 milliards de dollars au quatrième trimestre 2024. Cette hausse reste significative par rapport aux 9,2 milliards de dollars du trimestre précédent. Néanmoins, cette performance contraste avec celle du marché traditionnel qui a été dopée par l’accroissement des actions américaines.
Malgré les défis persistants comme la sous-performance des stratégies ESG, les craintes d’écoblanchiment (greenwashing), ou la polarisation politique aux États-Unis, cette catégorie d’actifs a toutefois atteint un flux historique de 3 200 milliards de dollars en 2024. Cette hausse de 8 % sur un an s’explique entre autres par une appréciation des marchés et une base d’investisseurs assidus, notamment en Europe.
L’Europe, leader sur le marché mondial des fonds durables
L’Europe confirme sa position de leader dans cette part de marché, avec 84 % des actifs mondiaux des fonds ESG, soit 2 688 milliards de dollars. Au quatrième trimestre 2024, près de 18,5 milliards de dollars de flux nets ont été enregistrés, portant son taux de croissance organique à 0,65 %. Cette performance s’appuie notamment sur le lancement de 59 nouveaux fonds durables au dernier trimestre. Les fonds ESG ont ainsi montré leur résilience en Europe, malgré un contexte complexe. À noter qu’un dispositif réglementaire strict encadre ce marché, avec les Sustainability Disclosure Requirements au Royaume-Uni, ainsi que les directives de l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF), visant notamment à limiter l’écoblanchiment.
Les fonds ESG en déclin aux États-Unis
Aux États-Unis, les sorties nettes se sont accentuées pour atteindre 4,3 milliards de dollars au quatrième trimestre, contre 2,0 milliards au précédent trimestre. Sur l’année 2024, les actifs ESG ont malgré tout progressé de 6,3 %, grâce à la hausse des marchés, atteignant ainsi 344 milliards de dollars, même si le pays peine à concilier la demande de ses investisseurs
Ces chiffres s’expliquent notamment par un contexte politique alors tendu à la veille du retour de Donald Trump au pouvoir, avec des mesures de surveillance renforcées contre les critères durables. Seuls 11 % des actifs mondiaux ESG sont détenus aux États-Unis, contre 15 % en 2018. Les investisseurs institutionnels restent ainsi prudents, même si un segment (60 %) de propriétaires d’actifs nord-américains considère l’ESG comme plus important qu’il y a cinq ans.
Une croissance modérée, mais prometteuse en Asie
En Asie, en dehors du Japon, la région affiche actuellement une progression modeste, avec 2,7 milliards de dollars d’entrées nettes au dernier trimestre, pour atteindre 73,7 milliards de dollars d’actifs fin 2024. Trois marchés émergents tirent la croissance, dont la Thaïlande, où les actifs ESG ont doublé pour atteindre 933 millions de dollars, soutenus par des lancements de fonds locaux. Celui de Singapour connaît une hausse de 81 % des actifs, porté par le succès de l’iShares MSCI Asia Ex-Japan Climate Action FNB ICU. Le marché de Taïwan représente quant à lui un tiers des actifs régionaux grâce à une réglementation favorable.
2025 : une année charnière pour les investissements durables
En Europe et au Royaume-Uni, plusieurs tendances restent à surveiller pour l’année 2025 en matière de fonds ESG. Les règles anti-greenwashing devraient notamment réduire le nombre de fonds labellisés ESG, mais améliorer leur crédibilité. Les investisseurs peuvent s’attendre à des fonds thématiques pouvant cibler la transition énergétique et l’économie circulaire.
Aux États-Unis, les flux de fonds ESG pourraient repartir grâce à une demande retail persistante, puisqu’en 2024, 54 % des investisseurs américains prévoyaient d’augmenter leurs allocations durables. Enfin, en Asie, les marchés émergents pourraient attirer des capitaux, notamment via des partenariats public-privé.