Cette décision intervient alors que la Banque a relevé les taux d'intérêt à treize reprises depuis décembre 202. Andrew Bailey, gouverneur de la Banque, a en effet été soumis à des pressions croissantes, pour expliquer pourquoi les prévisions se sont avérées si éloignées de la réalité, aboutissant a plusieurs retentissants mea culpa.
Force est de constater que les doutes des gérants se multiplient également sur la capacité des banques centrales à gérer le soft landing. Wilfrid Galand, directeur stratégiste chez Montpensier Finance soulevait récemment la question suivante : les banques centrales vont-elles nous emmener vers des taux d’intérêts si élevés que le monde ne pourrait le supporter, générant une pression financière telle qu'un risque d’accident financier serait inévitable ?
Alors que la BCE semble persister dans sa politique jusqu’au boutiste en matière de lutte contre l’inflation, la Banque d’Angleterre a choisi une voie davantage introspective, ouvrant la voie à une remise en cause de ses modèles prédictifs actuels.
En annonçant la nomination de Bernanke, Bailey a salué son expertise en tant qu'économiste renommé et lauréat du prix Nobel, qui en fait la personne idéale pour diriger cet examen. Bernanke, qui a été président de la Réserve fédérale de 2006 à 2014, est bien connu pour avoir dirigé la banque centrale américaine pendant la crise financière mondiale de 2007-2009, période au cours de laquelle la Fed a mis en œuvre des politiques de relance économique, notamment l'assouplissement quantitatif.
La Banque d'Angleterre a suivi la même voie que la Fed pendant la pandémie mondiale de 2020 en réduisant les taux d'intérêt et en utilisant des mesures de relance pour soutenir l'économie. Cependant, les prévisions de Threadneedle Street se sont révélées médiocres, en particulier depuis la levée du verrouillage au Royaume-Uni.
En novembre 2021, la Banque a prévu une inflation moyenne de 2,2 % au quatrième trimestre de 2022 avant de relever les taux d'intérêt de 0,1 % à 0,25 %. Cependant, en octobre de la même année, l'inflation avait atteint un sommet de 40 ans de 11,1 %. Un an plus tard, en novembre 2022, la Banque prévoyait une récession de sept trimestres, mais depuis lors, elle a révisé ses prévisions et ne s'attend plus à une récession.
Le comité de politique monétaire de la Banque annoncera prochainement sa décision concernant les taux d'intérêt, les marchés financiers anticipant une nouvelle hausse d'un quart de point pour les porter à 5,25 %.
Reste que l’effet Bernanke ne sera pas à court terme, son rapport étant attendu... au printemps prochain.
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