Il y a d'un côté les lieux communs (digitalisation des services et processus, utilisation accrue de la data et de l’analytique, etc) et à coté de ces grandes tendances, nombre d’autres phénomènes qui attirent plus particulièrement notre attention. En voici trois parmi un champ large des possibles sélectionnables, dont on parle moins, peut-être à tort.
Les transfuges du wealth management pour irriguer la pertinence de la tech
Tout comme l’adage "content is king, context is queen“ fait le beau jour des communications, il est évident que l’innovation tech pure s’est souvent heurté par le passé aux spécificités des métiers du wealth management. Et le contexte vient forcément des décideurs du secteur. Dès lors, qui de mieux qu’un insider métier de l’assurance-vie ou de la banque privée pour identifier les enjeux opérationnels, guider les développements, et tester le market fit d’une innovation ? Les exemples de transfuges du wealth management vers la tech sont nombreux, très souvent avec succès… car en plus des compétences natives, le réseau est là. Des leaders qui parlent le même langage et autorisent des greffes rapides de nouvelles solutions.
On pense naturellement à Fabrice Sauvignon, passé de CEO de La Mondiale Europartner à fondateur de The Hokus Platform en 2019, régulée par le Commissariat aux Assurances, célébrée par un ACA Insurance Award en 2021, née pour révolutionner le back office de l’assurance-vie. Allianz, Afi Esca, mais aussi… La Mondiale Europartner ont fait partie des premières références. Ou encore Xavier Babaud-Dulac, de Directeur de la Gestion Privée de BPCE à Karbonalpha, une solution de gestion privée augmentée célébrée sur le salon Patrimonia et encore trés récemment comme fintech de l’année lors du 31e Palmarès des fournisseurs de Gestion de Fortune. Les vocations s’enchaînent et on regardera notamment de près les développements à venir du côté d’Opalhe et Philippe Dié, un ancien Directeur de la Clientèle Privée des Assurances Saint-Honoré, fondateur du courtier Equatis, et qui multiplie désormais les innovations digitales très ciblées pour le secteur et prépare des annonces aussi imminentes que disruptives. Les exemples sont très nombreux et se multiplient, pour le bien du secteur.
Cette communauté du wealth management est aujourd'hui plus hybride que jamais, le business étant véritablement au coeur et moteur de la transformation digitale, bien plus que la tech elle-même. Discuter avec décideur business sans connaissance tech peut surprendre, comme un pure profil tech sans connaissance a minima généraliste du secteur qu’il cible. L’upskilling s’amorce donc des deux côtés, à commencer par les C-level et le middle management. En attendant, la double compétence reste aujourd’hui extrêmement prisée.
Un basculement de la menace vers le cross-nurturing
Car passé le choc de concurrence initialement prévu - qui finalement n’a pas eu lien - le secteur s’oriente depuis une décennie vers des modèles plus collaboratifs. Les fintech, wealthtech, insurtech, proptech et autres regtech sont désormais davantage perçues comme des partenaires très spécialisés permettent des sauts rapides en matière de transformation digitale, quand collaborer avec les grands opérateurs historiques des softwares du secteur impose des transformations lourdes, intégralement.
Tous les grands acteurs ont multiplié depuis trois ans les meetings et études avec des startups de la tech. Par souci de veille technologique certes, mais aussi et surtout pour relever à court terme des challenges liés à la data, l’agrégation, l’IA bien sûr… ou pour repenser le volet (b2b) customer experience voire se prémunir de sanctions réglementaires à venir. Il faut aller vite, donc être beaucoup plus ouvert, technophile, et agile qu’auparavant : la force des startups assurément.
Plus encore, la concurrence pourrait venir des grands acteurs ayant fait le choix de développement de modèles propriétaires, parfois proposés en marque blanche, avec des structures dédiées : Amundi Technology, qui fêtera bientôt ses trois ans , et une approche front to back mobilisant des centaines d’experts sur 19 pays. Pictet Technologies de son côté dispose d’un historique de 8 ans, mais d’un modèle davantage captif, destiné à servir le groupe et ses différentes business lines. L’IT devient une fonction business, une business line, quand ce n’est pas une structure dédiée. Inversement, les initiatives des grands acteurs tech pour de venue des financial players s’est souvent heurté à des grandes difficultés, à commencer par des régulations très protectrices.
Voire plus loin, le concept du Venture CIO
Le Venture CIO est un concept qui émerge dans le monde des affaires, où les chefs de la technologie adoptent une mentalité d'investisseur pour conduire l'innovation disruptive dans leurs entreprises. Inspirés par les investisseurs en capital-risque, les Venture CIO considèrent les choix technologiques de la même manière qu'un capital-risqueur considère le paysage des startups et sa stratégie d’investissement. On parle ici de Chief Information Officer, non de Chief Investment Officer...quoique.
Ils établissent un pipeline d'idées technologiques similaires à celui des investisseurs en capital-risque. Ils recherchent des entreprises émergentes et des technologies prometteuses, évaluent leur potentiel et décident d'investir ou de s'associer avec elles. Cette approche permet aux CIO de jouer un rôle actif dans la transformation numérique de leur entreprise et de faire des choix technologiques qui favorisent l'innovation et la croissance.
Des phénomènes parmi d’autres que l’on s'attend à retrouver, tout comme 150 décideurs qui réinventent le wealth management, lors du Luxembourg Wealth tech Day 2024 le 1er février à la chambre de Commerce.
Informations et inscriptions ici : https://www.agenda.hubfinance.lu/wealth-tech-day-01-02-24