Dans un contexte global marqué par l’incertitude économique et politique, les family offices se tournent massivement vers l’or, considéré comme un havre de sécurité. Selon le dernier rapport du World Gold Council, la demande d’or a atteint des niveaux records au deuxième trimestre 2024, illustrant une tendance forte parmi les investisseurs fortunés face aux défis macroéconomiques actuels.
Le rapport révèle une augmentation spectaculaire des acquisitions privées de l’or, qui ont grimpé à 329 tonnes au cours des trois mois jusqu’en juin, presque cinq fois plus que le trimestre précédent. Cette envolée a propulsé la demande totale pour l’or à 1 258 tonnes, le niveau le plus élevé jamais enregistré pour un trimestre d’avril à juin depuis le début des relevés en l’an 2000.
Cette frénésie d’achat a été particulièrement alimentée par les inquiétudes croissantes concernant l’endettement gouvernemental américain. Les niveaux de dette, qui devraient surpasser les records de la Seconde Guerre mondiale à 106 % du PIB en 2029, selon le Bureau du Budget du Congrès, ont incité un regain d’intérêt pour l’or. En réaction, le prix de l’or a atteint un pic historique de 2 483,60 $ l’once plus tôt ce mois-ci, stimulé par les anticipations de coupes des taux d’intérêt qui favorisent les actifs non rentables tels que le métal jaune.
Les transactions opaques sur le marché over-the-counter, difficiles à tracer, témoignent de cet engouement. Ces achats reflètent non seulement une stratégie de couverture contre les positions spéculatives sur les marchés futurs, mais également une demande directe de la part des individus fortunés et des family offices. Ces derniers, surtout basés aux États-Unis, cherchent à sécuriser leurs portefeuilles contre les déficits fiscaux incontrôlés, selon John Reade, stratège en chef du marché chez le World Gold Council.
Par ailleurs, l’intérêt pour l’or ne se limite pas à l’Amérique. En Asie, notamment à Singapour et à Hong Kong, ainsi qu’en Turquie, où la dévaluation dramatique de la lire a été enregistrée, les achats substantiels par les individus riches ont également été signalés. Ces mouvements illustrent une tendance mondiale où l’or devient une composante essentielle des stratégies de diversification des family offices.
Les fonds négociés en bourse (ETF) soutenus par l’or ont également enregistré des entrées nettes significatives, avec des apports consécutifs durant cinq semaines en juin et juillet totalisant 39 tonnes, marquant une rupture après deux années de ventes constantes. Cette dynamique est corroborée par des achats nets des banques centrales atteignant 483 tonnes, un record pour un premier semestre.
À la lumière de ces développements, il est clair que l’or continue de jouer un rôle prépondérant dans les stratégies de gestion de patrimoine des investisseurs les plus avisés. Face aux incertitudes croissantes, les family offices montrent une prudence exemplaire en renforçant leurs positions dans ce métal précieux, historiquement reconnu pour sa stabilité en temps de crise. Cette tendance est destinée à modeler le marché de l’or dans les années à venir, soulignant l’importance de l’or comme un pilier de sécurité dans la gestion de patrimoine à l’échelle globale.