Pouvez-vous nous décrire la philosophie d’investissement de Kermony Office ?
Fondé en 2020, Kermony Office s’inspire des méthodes employées par les grands investisseurs institutionnels avec qui j’ai eu le privilège de travailler pendant plus de 20 ans. Notre philosophie est centrée sur l’efficience, la profondeur de nos échanges, l’approche internationale et l’adaptabilité de déploiement unique pour chacune de nos familles.
Elle s’articule de la manière suivante :
• Une évaluation des besoins stratégiques propres à chaque membre de la famille. Cette évaluation se fait à la fois de manière quantitative sur la base d’une planification des besoins futurs sur la base de multiples scénarios mais également qualitative avec une approche propriétaire dite PCRLD qui va articuler les besoins en matière de préservation, de croissance, de rendement, de liquidité et de durabilité.
• Une construction de portefeuille qui exploite un vaste panel de classes d’actifs : actifs cotés (actions, taux, matières premières hors agricoles, actifs numériques,…) , non cotés (private equity, capital risque, dette privée, immobilier, art…), produits structurés,... Dans cette phase, la proportion va varier en fonction de l’évaluation des besoins et de la taille du patrimoine.
• Une sélection et une mise en œuvre avec la recherche des meilleurs spécialistes et une réflexion « out of the box » pour aller chercher les plus belles expertises souvent institutionnelles, moins accessibles au marché de la clientèle privée. Notre processus intègre notamment une analyse coûts / bénéfices qui fait qu’aujourd’hui typiquement nous favorisons sur un certain nombre de segments côtés les ETFs.
• Enfin, une réelle appétence pour un suivi constant avec une adaptation proactive essentielle pour nous assurer de la pérennité du succès dans nos démarches d’investissement. Alors que nous sommes entrés dans une phase de taux plus « normaux », les solutions d’hier sont rarement les solutions de demain. Ayant passé 20 ans dans la gestion d’actifs multi-gérants, j’ai pu noter que trop souvent dans les grandes maisons de gestion, la recherche de consensus et de contrôle des risques reste la norme pour la société de gestion. Or la gestion dynamique d’actifs doit s’appuyer sur des fortes convictions dans les choix mais également dans les actes. Cela ne peut se faire qu’à condition d’une surveillance constante et d’une réelle capacité de réagir en cas d’erreur d’appréciation. Il ne faut pas avoir peur de dire qu’on s’est trompé. L’ego est le pire ennemi de la gestion. Ce que nous voyons, c’est que cette mise en œuvre qui fait toute la différence nous permet d’afficher pour un grand nombre de nos portefeuilles des résultats en matière de couple rendement risque dans le premier quartile.
Comment Kermony Office inclut l’ESG dans ses démarches ?
Comme en témoigne le caractère évolutif de la règlementation, rien n’est absolument figé et ainsi que le réalisent surement beaucoup d’acteurs nous continuons à suivre de manière étroite les évolutions concernant l’analyse ESG des véhicules d’investissement. Sur la partie cotée, nous avons intégré l’analyse de fournisseurs de données pour bâtir des portefeuilles 100% investis sur des fonds avec une forte intensité ESG. Mais à ce stade, je continue de penser que c’est au sein du non-côté que notre influence et notre réponse est la plus à même de répondre à la recherche de protection de l’environnement et l’amélioration des pratiques sociales pour nos clients. Ainsi pour les clients souhaitant un impact positif de leurs investissements, nous nous sommes tournés vers les fonds à impact non côtés qui investissent souvent dans des sociétés disruptives innovantes permettant de réduire les effets néfastes habituels de l’activité humaine comme dans l’agriculture ou l’exploitation maritime… Nous leur permettons d’entrer également de manière plus directe au capital de sociétés innovantes à impact comme nous avons pu le faire avec BlaBlaCar par exemple. C’est un réel enjeu de société et nous sommes très motivés à aller chercher ce type de solutions. Toutefois, ces solutions sont souvent investies en capital risque et en conséquence, il est important de maîtriser l’exposition de nos clients. Notre processus de construction de portefeuille est fondamental pour cela. La progression positive du patrimoine de nos familles est notre première responsabilité.
A côté de cela, Kermony Office comme entreprise à taille humaine s’est engagé sur 3 Objectifs de Développement Durable identifiés : le travail décent, la consommation et production durables et la bonne santé et le bien-être. Typiquement sur ce dernier point, la santé et le bien-être nous nous engageons en temps et financièrement auprès de différentes associations chaque année comme « Un Cadeau pour la Vie » qui apporte un soutien moral aux enfants hospitalisés, l’Institut du Cerveau dans sa lutte contre les maladies neuronales telles que la maladie de Charcot, Sauveteurs Sans Frontières qui effectue un travail de premier secours lors de grandes catastrophes naturelles ou des guerres…
Comment se déroule le processus de due diligence chez Kermony Office ?
Tout d’abord, nous prenons le temps. Nous ne sommes pas dans une démarche de la génération de produits à tout prix. Nous investissons uniquement dans ce que nous comprenons et après une analyse profonde. Sur le côté, nous allons chercher la complémentarité des stratégies, l’efficience en matière de coûts et la capacité éprouvée du gérant à apporter de la valeur ajoutée. Sur la partie non-cotée, nous y passons beaucoup plus de temps car la sélection est un élément majeur dans la prise de risque. Les écarts entre les gérants est 4 fois plus importante que sur les marchés côtés et de plus, nous sommes engagés sur des temps longs. Ainsi, il est fondamental pour nous de ne pas nous tromper. Il faut plusieurs mois pour évaluer une classe d’actifs, rencontrer les expertises phares et passer beaucoup de temps sur l’analyse de leur Data Room auxquels ils nous donnent accès. Nous utilisons des outils de Business Analytics pour traiter un volume de données important souvent mis à disposition. Les critères les plus critiques sont l’expérience (la capacité de l’équipe à avoir traversé des crises typiquement), le marché traité, le track record en matière de déploiement, la transparence, l’engagement de l’équipe, les frais.
Dans quel secteur investissez-vous le plus ? Comment voyez-vous son évolution d’ici les prochaines années ?
Nous pensons que la prime d’illiquidité sur certaines classes d’actifs est attractive aujourd’hui, même si nous entrons dans une période où les financements sont plus difficiles. Notre volonté est de continuer à apporter de la diversification à nos clients. Pour 2024, nous anticipons d’investir sur la dette privée en particulier celle qui n’est pas sponsorisée et qui devrait moins souffrir du ralentissement des opérations de LBO mais également l’infrastructure dont les besoins sont gigantesques. Nous avons la chance en France de disposer d’acteurs majeurs sur cette classe d’actifs et cette classe d’actifs est peu représentée. En ces temps difficiles pour l’immobilier, c’est une classe d’actifs qui fait beaucoup de sens.
Quel avenir selon vous pour le capital risque, un marché sous tensions actuellement ?
Le capital-risque a vu ses valorisations corrigées fortement suite à la remontée brutale des taux d’intérêts en raison de sa duration longue. Nous pensons également que la dynamique de l’intelligence artificielle est un véritable catalyseur pour le capital risque mais qu’il est également un risque pour les sociétés récentes qui peuvent d’ores et déjà se voire disrupter par l’accès à tous de l’IA. C’est à ce titre que bien que les valorisations laissent penser qu’il sera intéressant d’y retourner, nous restons à ce stade en observateur sur ce segment. Nous sommes à ce titre plus prudents sur le late-stage.