Entre instabilité géopolitique, désinformation galopante, populisme anti-écologique et crises environnementales, l’économie mondiale navigue en eaux troubles. Le Forum économique mondial (WEF) vient de publier la 20e édition de son Global Risks Report, offrant un éclairage inédit sur les grands défis qui façonneront l’année 2025. Ce rapport, dévoilé le 15 janvier, dresse le portrait d’un monde fragmenté où les tensions politiques, les enjeux environnementaux et les bouleversements technologiques pèsent sur la stabilité et le développement global.
Un panorama complexe qui invite à la vigilance, mais aussi à l’adaptation face à des risques en constante évolution.
Instabilité, conflits armés et fractures sociales au cœur des débats
Saadia Zahidi, directrice générale du WEF, décrit un monde où « la polarisation des discours et l'érosion de la confiance attisent les tensions géopolitiques ». Les conflits armés, notamment en Ukraine, en Palestine, ou en Éthiopie, représentent une menace significative pour la stabilité socio-économique mondiale. La montée du populisme et le déclin de la coopération internationale rendent inévitablement moins efficace le recours à la diplomatie.
Le rapport du Forum de Davos met également en lumière l'augmentation des inégalités et des fractures sociales, exacerbées par une désinformation croissante. En outre, les discours de haine se répandent, alimentant un climat de division qui menace la cohésion sociale.
La question de la désinformation, un risque prépondérant
Le rapport identifie la désinformation comme le principal risque pour les prochaines années. En effet, avec l'avènement de l'intelligence artificielle et le recul des politiques de modération sur les réseaux sociaux (X ou Meta), les « fake news » ont un impact sans précédent sur l'opinion publique. De fausses allégations sur la qualité d'un service ou la sécurité d’un produit peuvent facilement inciter les clients à éviter certains biens. Nous sommes arrivés à un point où les choix des consommateurs ne reflètent plus leurs véritables intérêts, ce qui perturbe considérablement le marché.
Les experts autour du sujet de la désinformation soulignent même que les algorithmes des réseaux sociaux favorisent la diffusion rapide de fausses informations. Ce sont de tels facteurs qui se combinent pour réduire l’efficacité de la diplomatie, favorisant ainsi des actions isolées plutôt que des solutions collectives.
La crise écologique, un facteur déstabilisant à long terme
Les risques environnementaux continuent d'être une préoccupation majeure. De Mayotte à Los Angeles, les chiffres dépassent l’entendement quant aux conséquences dévastatrices des catastrophes naturelles. 150 milliards de dollars, c’est en partie le coût astronomique que couterait la restructuration suite des dégâts causés par les incendies à Los Angeles.
Le WEF prévoit d’ailleurs dans son rapport que les événements météorologiques extrêmes, la crise de la biodiversité et l'épuisement des ressources deviendront de plus en plus pressants dans les années à venir. La désinformation autour des enjeux climatiques complique davantage la réponse à ces crises.
La vague de populisme anti-écologique, une menace qui mine la politique
La montée du populisme anti-écologique constitue une menace majeure pour la transition énergétique et la mise en œuvre de politiques environnementales ambitieuses. En France, par exemple, près de 30 % de la population adhère à des thèses climatosceptiques, un chiffre qui a presque doublé en vingt ans.
Cette défiance complique la mise en place de réformes écologiques, fragilise les engagements internationaux et ralentit les investissements dans les technologies vertes. À l’échelle mondiale, la remise en question des engagements climatiques pourrait freiner les progrès vers un modèle économique plus durable.
Pour les entreprises engagées dans la transition énergétique, ce climat de défiance accroît les risques réglementaires et sociaux, rendant les stratégies de durabilité plus difficiles à déployer.
Une décennie décisive pour l’économie Mondiale
L’année 2025 marque un tournant critique. Le croisement des crises géopolitiques, environnementales, sociétales et technologiques impose aux décideurs d’adopter des stratégies résilientes et durables. Ignorer ces signaux pourrait entraîner une dégradation continue de la stabilité mondiale.
L’heure est à l’action collective. Rétablir la confiance, renforcer les alliances stratégiques et promouvoir l’innovation durable sont des impératifs pour garantir un avenir stable et prospère. Les choix faits aujourd’hui détermineront la capacité du monde à surmonter les défis de demain.