Sous l'effet des changements fiscaux, le marché de l'immobilier de luxe londonien et les destinations prisées se redessinent.
Face à des changements fiscaux majeurs proposés par le Parti travailliste, les ultra-riches du Royaume-Uni sont sur le point de quitter en masse le pays, cherchant refuge dans des destinations plus clémentes en matière de fiscalité, comme la Suisse, Monaco, l'Italie, la Grèce, Malte, Dubaï et les îles des Caraïbes. Cette potentielle réforme, qui vise à supprimer le régime fiscal spécial pour les non-domiciliés (non-doms), pourrait engendrer un exode massif, selon des conseillers et des organismes de recherche.
Depuis plus de deux siècles, le régime non-dom permet aux résidents du Royaume-Uni, domiciliés ailleurs, de ne pas payer d'impôts sur leurs revenus et plus-values réalisés à l'étranger pendant jusqu'à 15 ans. En 2023, environ 74 000 personnes bénéficiaient de ce statut, un chiffre en hausse par rapport aux 68 900 de l'année précédente.
Les plans du Parti travailliste, dévoilés le mois dernier, visent non seulement à abolir ce statut, mais aussi à remplacer le concept de "domicile" par un système basé sur la résidence, réduisant la période durant laquelle les revenus réalisés à l'étranger ne sont pas imposés au Royaume-Uni de 15 à quatre ans. De plus, les individus devront également payer l'impôt sur les successions après 10 ans de résidence au Royaume-Uni et resteront redevables pendant 10 ans après leur départ.
Selon une étude récente d'Oxford Economics, réalisée en collaboration avec le groupe de pression Foreign Investors for Britain, presque tous les non-doms (98 %) interrogés ont déclaré qu'ils envisageraient de quitter le Royaume-Uni plus tôt que prévu si ces réformes étaient mises en œuvre. L'enquête révèle également que ces non-doms injectent chacun en moyenne 118 millions de livres sterling dans l'économie britannique.
Les principales motivations évoquées pour quitter le Royaume-Uni incluent l'impôt sur les successions sur les actifs mondiaux, cité par 83 % des sondés, ainsi que les modifications des impôts sur le revenu et les plus-values, mentionnées par 65 % d'entre eux. Ces changements ont ébranlé la réputation du Royaume-Uni comme refuge sûr, déjà mise à mal par des années de turbulences politiques post-Brexit.
L'impact de ces réformes ne se limite pas seulement à l'exode des ultra-riches, mais affecte également le marché immobilier super-prime de Londres. Selon une analyse de Knight Frank, les transactions pour les maisons évaluées à plus de 10 millions de livres ont chuté de 22 % au cours de l'année se terminant en juillet, par rapport aux 12 mois précédents.
Toutefois, cette situation crée des opportunités pour d'autres investisseurs. Par exemple, les citoyens américains, déjà soumis à l'imposition mondiale aux États-Unis, pourraient bénéficier d'une concurrence réduite. De même, ceux qui séjournent moins de 90 jours par an au Royaume-Uni pourraient tirer avantage de seuils fiscaux plus favorables.
Les modifications proposées par le Parti travailliste visent à améliorer l'équité et à renforcer les finances publiques, une initiative louable, mais qui, selon les experts, pourrait coûter aux contribuables britanniques jusqu'à 1 milliard de livres d'ici 2029/30, en contradiction avec les prévisions initiales qui estimaient des recettes supplémentaires de 2,6 milliards de livres.
Photo : Tolu Akinyemi 🇳🇬 sur Unsplash