Le rapport Global Family Office 2024 publié par UBS, s'appuyant sur les données de 320 family offices dans sept régions du monde gérant ensemble plus de 600 milliards de dollars, met en lumière une période de transition significative pour les investisseurs privés les plus influents de la planète. Ce rapport détaille non seulement les stratégies de rééquilibrage des portefeuilles mais expose également les préoccupations dominantes qui orientent les décisions d'investissement à l'échelle mondiale.
Un pivot vers les obligations dans un cadre de rééquilibrage prudent
2023 a été une année charnière pour les family offices, qui ont opéré certains des plus grands changements dans leur histoire récente en matière d'allocation d'actifs. “Les family offices ont réintroduit un meilleur équilibre entre obligations et actions, rééquilibrant leurs portefeuilles dans un contexte de rendements obligataires élevés”, explique George Athanasopoulos, co-responsable de l’activité global markets chez UBS. Cette évolution marque une transition notable par rapport aux années précédentes où les actions dominaient les stratégies d’investissement.
Préférences régionales et allocation géographique
La répartition géographique des investissements reste une caractéristique saillante des stratégies des family offices. En 2024, plus d’un tiers des family offices envisagent d’augmenter leurs allocations en Amérique du Nord et en Asie-Pacifique, hors Chine élargie. Les family offices européens se montrent particulièrement actifs, avec 42% d'entre eux prêts à ajuster leurs allocations en 2024, contre une moyenne globale moins élevée. Ce dynamisme des investisseurs européens peut être interprété comme une réponse à l'instabilité économique régionale et une recherche de diversification accrue face aux incertitudes.
L'intelligence artificielle générative : un horizon d'investissement prometteur
L'adoption de l'intelligence artificielle générative se profile comme une tendance dominante, avec 78% des family offices envisageant des investissements dans ce secteur au cours des deux à trois prochaines années. Cette orientation stratégique vers des technologies de pointe traduit une volonté de capter les rendements potentiels d'innovations disruptives tout en positionnant les portefeuilles à la frontière de l'évolution technologique.
Des préoccupations géopolitiques et environnementales au cœur des stratégies à long terme
Les risques géopolitiques et le changement climatique figurent parmi les principales préoccupations à moyen et long terme. « Les family offices globalement s’inquiètent de la possibilité d’un conflit géopolitique majeur à court terme, avec 58% des répondants exprimant des craintes pour les prochains 12 mois », relève le rapport. À plus long terme, les préoccupations se déplacent vers le changement climatique et les crises de la dette, illustrant une prise de conscience croissante des impacts environnementaux et économiques sur les investissements.
Une demande croissante pour des conseils spécialisés et une gestion active
Face à une complexité accrue des marchés et une volatilité persistante, les family offices s'appuient davantage sur la gestion active et la sélection de gestionnaires spécialisés. Cette tendance est particulièrement visible aux États-Unis où la gestion active a gagné en popularité, permettant aux investisseurs de naviguer à travers les fluctuations de marché tout en cherchant à maximiser les rendements ajustés au risque.
Un rapport nuancé par des perspectives régionales variées
Les family offices d'Amérique Latine détiennent les allocations les plus élevées en obligations, utilisant ces instruments principalement pour préserver le capital et équilibrer les risques, ce qui témoigne d'une prudence face à l'instabilité économique locale.
En Asie du Sud-Est, l’étude signale une préférence pour la gestion active est rapportée par 50% des offices, comparativement à des allocations plus faibles en immobilier, signifiant une stratégie axée sur la liquidité et la flexibilité.
En ce qui concerne l'Europe (hors Suisse), les family offices montrent une volonté marquée de modifier leur allocation d'actifs en 2024, avec 42% d'entre eux envisageant des ajustements. Ils sont majoritairement investis en Europe occidentale, ce qui reflète une préférence pour le marché local malgré les incertitudes économiques régionales. Cette inclination peut également être interprétée comme une stratégie pour se couvrir contre les risques financiers, puisque 67% des family offices européens déclarent être bien couverts contre ces risques. Actuellement et dans les cinq prochaines années, ils sont particulièrement préoccupés par la possibilité de conflits géopolitiques majeurs, avec respectivement 61% et 71% des sondés exprimant cette inquiétude.
Au Moyen-Orient: l'accent est mis sur l'immobilier avec les allocations les plus élevées de la région, tandis que la diversification par des obligations à courte durée de haute qualité est moins fréquente.Suisse: les entités analysées montrent un fort biais domestique avec des allocations importantes en Europe occidentale et un intérêt marqué pour les métaux précieux comme moyen de diversification.
Une influence croissante sur le marché globalement
Avec une gestion d'actifs estimée à environ 10 trilliards de dollars, les family offices, s'imposent comme des acteurs de plus en plus influents sur les marchés financiers mondiaux. Leur capacité à s'adapter à un environnement en rapide évolution, tout en tenant compte de facteurs géopolitiques et environnementaux, modelera non seulement leurs stratégies d'investissement mais aussi les tendances économiques mondiales à venir.
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