Le rapport très documenté publié le 9 aout 2023 par Julien Pathé, professeur de la Haute école d'ingénierie et d'architecture de Fribourg traite de l'architecture verte et de l'idée de végétaliser les bâtiments pour lutter contre les effets du dérèglement climatique. L'auteur mentionne que si cette tendance est devenue populaire, de nombreuses et légitimes interrogations demeurent quant à son efficacité réelle.
L'architecture verte, apparue dans les années 1970 consiste à intégrer des éléments végétaux, voire des arbres, sur les bâtiments pour réduire l'impact environnemental. L'architecte Stefano Boeri est cité en exemple avec son manifeste "Urban Forestry" et son bâtiment Bosco Verticale à Milan, qui promeuvent la plantation d'arbres en ville pour purifier l'air et réduire les émissions de CO2.
Cependant, Julien Pathé exprime des doutes quant à la faisabilité et à l'efficacité de cette approche. Dans le contexte du bureau d'architecture, ils ont analysé le projet de la Tour des Cèdres en Suisse pour répondre à des questions spécifiques sur son impact environnemental et ses avantages potentiels.
La méthodologie de l'analyse s’appuyait notamment l’évaluation de l'impact environnemental des constructions nécessaires pour intégrer des arbres sur les balcons du bâtiment, comparé à une variante sans arbres mais avec de grands balcons. Plus parlant encore, le calcul du nombre d'arbres nécessaires pour compenser l'impact environnemental de la construction.
Et les conclusions de l’étude sont sans appel, résumées notamment par une cinglante conclusion : planter un arbre sur la tour équivaut à en supprimer 250 de la forêt en termes d'impact environnemental. Le rapport conclut également que le projet induit une augmentation de 66% de l'énergie grise et des émissions de CO2 par rapport à une structure plus sobre sans arbres. Ainsi, pour compenser le CO2 émis par la mise en place de 80 arbres sur le bâtiment, il faudrait planter…20 000 arbres supplémentaires sur une période de 60 ans.