L’intelligence artificielle (IA) est en passe de devenir un outil essentiel pour les industries centrées sur les données, notamment celle de l’assurance. Le rapport *Allianz GenAI 2024* met en lumière l’impact potentiel de l’IA sur l’ensemble de la chaîne de valeur, en particulier dans des domaines comme l’évaluation des risques, la gestion des sinistres, et la détection des fraudes. Toutefois, les craintes demeurent, notamment en ce qui concerne l’emploi et l’inégalité des compétences, des questions qui divisent le public et les experts.
Les perceptions de l’IA
D’après une enquête réalisée dans six pays européens, environ 46 % des répondants s’attendent à ce que l’IA diminue le nombre d’emplois disponibles, tandis que seulement 33 % prévoient une augmentation des opportunités professionnelles. Cette crainte est particulièrement marquée parmi les personnes moins qualifiées, qui redoutent que l’adoption de l’IA n'aggrave les inégalités existantes. En revanche, les experts du secteur affirment que l’automatisation des tâches répétitives permettrait aux employés de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, ce qui pourrait, à terme, créer de nouvelles opportunités d’emploi plus spécialisées.
L'IA, levier de productivité
L’un des aspects les plus prometteurs de l’IA est son potentiel pour améliorer la productivité dans l'industrie de l’assurance. Le rapport indique que l’adoption de technologies basées sur l’IA pourrait entraîner une augmentation annuelle de la productivité de 1,5 %, notamment grâce à des outils d’automatisation et d’analyse prédictive. Ces technologies permettraient aux assureurs de traiter un volume plus important de données clients et de réagir plus rapidement aux demandes, tout en réduisant les coûts opérationnels.
L’une des applications phares de l’IA est la gestion des sinistres, où l’IA peut accélérer l’évaluation des dommages en temps réel et réduire le risque de fraude. De plus, la personnalisation des offres d'assurance, grâce à l’analyse prédictive, permettrait aux assureurs d’adapter leurs produits aux besoins spécifiques des clients, augmentant ainsi leur satisfaction et leur fidélité.
Une réduction d'emplois limitée
Bien que l’automatisation puisse entraîner une réduction des effectifs, le rapport Allianz note que l’impact global sur l’emploi dans l’assurance devrait être modéré. En effet, une augmentation de 0,622 % de la productivité ne provoquerait qu’une baisse d’environ 1 % des effectifs. Ce chiffre s’explique par le fait que de nombreuses tâches dans l’assurance, telles que la gestion des relations client et l’analyse des risques complexes, nécessitent encore une expertise humaine.
L'un des défis clés sera d'assurer une transition réussie, en misant sur la formation et la requalification des employés actuels. L’adoption de l’IA ne doit pas se traduire par une réduction pure et simple de la main-d’œuvre, mais plutôt par une amélioration des compétences, permettant aux employés d’utiliser ces outils pour augmenter leur productivité.
Les cas d’utilisation de l’IA dans l’assurance
Le rapport met en évidence plusieurs applications concrètes de l’IA dans le secteur des assurances, dont certaines sont déjà mises en œuvre avec succès. L’IA permet, par exemple, de personnaliser les polices d'assurance en fonction des données comportementales des clients, grâce à des outils d’analyse prédictive. Cela inclut également des innovations en matière de tarification, où l'IA peut ajuster rapidement les primes en fonction des risques en temps réel.
Un autre cas d'utilisation est la gestion des réclamations. Grâce à la reconnaissance d'images et à l'analyse de données, les compagnies d'assurance peuvent traiter les demandes plus rapidement et avec plus de précision. L’IA peut également détecter plus efficacement les fraudes, ce qui constitue une avancée majeure dans la réduction des coûts liés aux sinistres frauduleux.
En matière de gestion des risques, l’IA joue également un rôle clé en permettant une analyse plus approfondie des tendances et des anomalies, aidant ainsi les assureurs à proposer des produits mieux adaptés aux besoins de leurs clients. Cette personnalisation, combinée à des outils de marketing prédictif, permet d'améliorer l'engagement des clients, en offrant des services plus rapides et plus pertinents.
Productivité et disparités régionales
Le rapport d’Allianz révèle également que l’adoption de l’IA varie considérablement d’un pays à l’autre. Par exemple, des pays comme l’Allemagne et l’Autriche ont enregistré des augmentations notables de la productivité dans le secteur de l’assurance, mesurée par le rapport entre les primes émises et le nombre d’employés. Cette hausse est moins marquée dans d'autres pays, comme l'Italie et la Pologne, où l'adoption de l'IA est plus lente.
Cette disparité peut s’expliquer par des facteurs structurels propres à chaque marché, mais également par le degré de préparation technologique des entreprises. Les pays qui ont investi massivement dans les technologies numériques et l’automatisation sont mieux placés pour tirer parti de l'IA et améliorer leur productivité.
Une réponse aux défis démographiques
L’IA pourrait également jouer un rôle clé dans la réponse aux défis démographiques auxquels l’Europe sera confrontée dans les prochaines décennies. Selon le rapport, la population en âge de travailler devrait diminuer de 20 % dans l'Union européenne d’ici 2050. L'IA pourrait compenser cette pénurie en automatisant certaines tâches administratives, permettant ainsi aux travailleurs restants de se concentrer sur des tâches plus qualifiées et de maintenir la compétitivité du secteur.
En dépit de ces opportunités, la question de l’emploi reste centrale. Allianz suggère que la clé du succès réside dans un équilibre entre innovation technologique et protection des emplois, en veillant à ce que l’adoption de l'IA ne se fasse pas au détriment des travailleurs, mais qu'elle soit plutôt perçue comme un complément à leurs compétences.
Régulation et compétitivité
L'un des grands défis pour le secteur sera de trouver un équilibre entre innovation et régulation. Selon l’enquête, 48 % des répondants estiment que des règles strictes sont nécessaires pour encadrer l’utilisation de l’IA, tandis que 32 % pensent qu’une régulation plus légère serait préférable pour préserver la compétitivité du marché européen. Le débat sur la régulation de l’IA se poursuivra probablement dans les années à venir, car il est crucial de protéger les consommateurs tout en permettant aux entreprises d'innover et de rester compétitives.
En outre, les entreprises devront investir dans la requalification de leurs employés pour s’assurer qu’ils sont bien préparés à utiliser ces nouvelles technologies. L'adoption de l'IA dans l'assurance ne doit pas être perçue comme une simple réduction des coûts, mais comme une opportunité de créer de nouvelles expériences clients et de générer des gains de productivité importants.
Le rapport *Allianz GenAI 2024* met en évidence le potentiel énorme de l'IA pour révolutionner le secteur des assurances. De la gestion des sinistres à la détection des fraudes en passant par la personnalisation des offres, l'IA offre des opportunités majeures pour améliorer l'efficacité et la productivité. Toutefois, ces progrès technologiques s’accompagnent de défis, notamment en matière d'emploi et de régulation. Le succès de l’adoption de l’IA dans ce secteur dépendra de la capacité des entreprises à trouver un équilibre entre innovation, protection des travailleurs et satisfaction des clients.
Source : *Allianz GenAI Report 2024*. Photo : BoliviaInteligente via Unsplash